Le "Bas du port" de Soubise

Balade au fil des années

Christèle, 30 ans, "From Bas du port", nous conte un bout de son histoire

Le "Bas du port" de Soubise désigne une partie du village, qui a gardé son authenticité au fil des siècles.
Depuis très longtemps, c'est un site de passage fluvial très important pour franchir la Charente. La traversée s'effectuait grâce au bac, soumis au rythme des marées.
Tout d'abord, c'était le seul point d'accès jusqu'en 1900, date à laquelle le pont transbordeur d'Echillais fut construit. Puis, il fut essentiel pour les échanges commerciaux du sel, des huîtres, des produits de la pêche, mais aussi de tous ceux issus de l'agriculture. En fait, le bac assurait la liaison entre Marennes et Rochefort.

Après 1900, le bac de Soubise et le pont transbordeur étaient les deux seuls moyens pour traverser les deux rives. Avec l'évolution des transports, ces deux accès furent vite saturés. En effet, les gens faisaient la queue et parfois l'attente était interminable.

Michel, 60 ans témoigne :
"Quand j'étais petit, nous accompagnions les vaches de notre ferme au grand pré en bas du port. Je me souviens de la file d'attente de voitures qui remontait jusqu'au bourg. C'était impressionnant !"

Il fallut palier ce problème. C'est pourquoi, en 1967, un nouveau pont à tablier levant vit le jour à Echillais. Cette année-là, le bac de Soubise devint obsolète et cessa toute activité.

Chronique du bac...

Rémy, 88 ans se souvient avec tendresse et nostalgie du bac de Soubise qui changea le cours de sa vie :

"C'était pendant la Seconde Guerre en 1944, j'étais jeune soldat basé à Rochefort. Avec deux camarades, nous devions contrôler les papiers d'identité des personnes qui prenaient le bac. C'était un bac remorqué. C'est-à-dire une plate-forme tirée par un petit bateau à vapeur, que nous alimentions en charbon. Après la guerre, le bac devint automoteur. J'aimais être de service les mardi, jeudi et samedi, car c'était les jours où les marchands d'huîtres arrivaient de Marennes pour vendre leurs produits à Rochefort. Nous en profitions pour leur demander un supplément... Ils nous laissaient alors quelques huîtres !
Il y avait aussi des gens qui venaient avec leur charrette, pour aller chercher du foin dans le marais. 

A force de passer, nous connaissions les habitués du bac remorqué. Un matin, je contrôlai les papiers d'identité d'une jeune fille qui prenait souvent le bac pour se rendre à Rochefort. Nous nous mîmes à discuter régulièrement. Puis je la raccompagnai à la petite porte verte de chez elle. Elle habitait une ferme tenue d' une main de fer, par sa mère et son beau-père, en bas du port. Et de fil en aiguilles, cette demoiselle devint ma femme.
"

Après 46 ans d'arrêt, le bac de Soubise, renaît cette année, sous le nom de "Rohan". C'est sous l'impulsion des élus de la Communauté de communes Sud-Charente, qu'il reprend du service, pour notre plus grand bonheur, et ce jusqu'au 30 septembre 2013.


J'ai souhaité rédiger cet article car j'aime beaucoup mon village. Malgré les nombreuses constructions de lotissements dans le haut de Soubise, le bas du port reste préservé et offre un cadre de vie exceptionnel. Il y fait bon vivre auprès de ses habitants, au rythme de la Charente, des chants des oiseaux et des grenouilles du marais. C'est là où sont mes racines.


En effet, c'est en glanant des informations auprès de mon grand-père Rémy et de mon oncle Michel, que je me suis rendue compte que si ce fameux bateau-passeur n'avait pas existé, je ne serai pas là pour vous conter un bout de mon histoire.